Bouilles à biaise

6.12.06

VêTUe de qUelqUeS gRAmmeS de deNTeLLeS

Chère belle Impromptus, fantasme et virtuosité informatique,

Dès le premier instant que je te lis, je te trouvai belle, intéressante, vivante, séduisante. De penser sentir tes merveilleux seins se pressant dans mon dos, un soir, dans la cuisine, accentua l’intérêt et l’attirance que je te porte; et me permit de revoir la perspective que je te donnais…

Puis par on ne sait quel miracle, il y aurait ce premier baiser, ce brise-glace au milieu du Saint-Laurent. Un baiser interminable, doux et chaud, plein de promesses, comme une écluse qu’on ouvre… Un baiser comme celui de l’adolescente qui se fait encore surprendre à rêver au prince charmant.

Mais tu es mon objet, ma Barbie. Je te ferai donc que sentir Femme, entière, Absolue et fière. Dressée devant l’Univers. Heureuse, embourbée dans tes fils, puces et circuits…

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27.11.05

MOnStrES

Tel un lapsus du hasard, le fait que la montre du suisse Alan Gusman ait retardé lui fut salutaire. Pourtant il vit plein d’autres montres, horloges et cadrans en s’en allant… Pourquoi ne réalisa-t-il donc pas que chacune de ces montres lui renvoyait une réalité biaisée, fausse et déformée. Il lui aurait alors été possible de débiliter ses fables philosophiques, physiques ou métaphysiques quant à tous ces mondes possibles. À l’intérieur duquel des mécanismes de ces montres vibrait son être, probablement celui intime attaché à son poignet dont le quartz battait vitement, comme son pouls devant ces portes fermées?
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MiSS LapSuS

Lorsque le cirque fit un malheureux come-back en force au Qwébek, Roger Bigras, plusieurs fois ex-alcoolique, ex-bagnard et ex-jongleur – Ah! les doux souvenirs de plaisirs à se retrouver devant les publics adorateurs des années soixante-dix! –, reprit du métier, à contre-cœur, la mort à l’âme battue par la violence des prisons, des ruelles, des tavernes, mal rasé, blasé, le regard hagard du mort-vivant qu’il était devenu, cigarette au bec, sauf dans ce cas-ci, dans un gymnase d’école primaire, devant une marée de jeunes de la maternelle et de la pré-maternelle; Roger Bigras, donc, jonglait.
Juché sur une planche, elle-même équilibriste sur un ballon, Roger soupirait sans sourire, jonglant avec trois fourches – vrai de vrai! – tandis que les éducatrices faisaient de leur mieux pour tenir la marmaille à une distance sécuritaire, ce qui dans le cas présent relevait de l’impossible.
Les fourches sifflaient dangereusement dans les airs tandis que Roger songeait à reprendre plutôt du métier de buveur, au café d’en face en pensant dans un de ses – nombreux – moments d’égarement à sa vieille mère violentée pour des paroles mal comprises et dont il était le fruit, comme les pointes de sa fourche préférée – il l’appelait Fifi – lui transperça le front. Étranger à la cacophonie ambiante, Roger Bigras sourit enfin.

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dégoUssaiLLer

Armé de ses virils élastiques, le fermier Jean allait d’un pas prompt vers son taureau-re l’enfant martyr, parce que ses vaches-ries lui avaient bien fait comprendre qu’elles en avaient marre de la surpopulation causée par tous ces veaux-riens autour!

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27.10.05

mÉmoiRE fRagmEntÉE.

Mais qui diable a eu l’idée folle de planquer une bouche d’aération digne d’une robe de Marilyn au bon milieu de cet escalier déséquilibré et aux marches mouillées, avec cette fenêtre ouverte, tandis qu’au dehors souffle Wilma ou Bertha, je ne sais plus; et que je bondissais armé de mes béquilles neuves, le dernier jet de mon mémoire enfin fraîchement imprimé dans les bras?

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26.10.05

Le gOût Du méTaL

Quand le fils de Martin lui re-avouait
Que son grand-père le touchait,
Ça lui rappela quelque vieille douleur et,
Il marcha les fesses encore plus serrées;
Mais ce qui le réconforta le plus dans sa béate torpeur,
Ce fut un vieux riff de Kreator.

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12.10.05

DeleTe

Intro. Poste de télé. Changement de chaînes, avec moult neige et « white noise » entre les captations décentes. Visiblement pas un poste cablé. Quelques arrêts, quelques pubs stupides, changement de chaîne, puis arrêt sur la scène suivante.

Studio de télévision. Un animateur et son invité se prélassent comme il se doit, en discutant. Vraisemblablement, nous tombons sur une émission déjà passablement en cours.

(…)

Intervidouilleur : Mais encore, cher Motte Metmamaindanfassmonosti, la célébrité dont vous jouissez n’est-elle pas empreinte d’un peu trop de polémique indésirable?

Motte : Toute polémique, par définition est désirable et sexy. Aussi nagez-vous dans une certaine contradiction. Et je ne parle pas seulement de miction, mais aussi de pognon. Parlant de miction, ne sommes-nous point comme Anne-Marie Losique: qu’on parle de nous en bien ou mal importe peu, en autant qu’on parle de nous.

Intervidouilleur : Mais n’y a-t-il pas tout de même une certaine limite morale à respecter?

Motte : N’avez-vous pas invité Céline Dion la semaine dernière?

Intervidouilleur : Oui...

Motte : So much pour la morale...

Intervidouilleur : Tout de même, pourquoi refusez-vous de me parler du fond de votre œuvre, de votre âme, de votre pulsion créatrice, …

Motte : Je l’ai dit maintes fois auparavant, il ne faut jamais expliquer.

Intervidouilleur : Jamais expliquer?

Motte : C’est cela. Même à Rondeau, je l’ai dit. Même à Angelina Jolie, qui me demandait « Comment réussis-tu à me faire de ces choses ainsi parfaitement exécutées et nouvelles pour moi? », je l’ai dit.

Intervidouilleur : Vraiment?

Motte : Ce n’était pas facile. Quant à Bébé Papillon…

Intervidouilleur : Tant qu’à faire, parlez-moi plutôt de Vera Sonofagunitski.

Motte : Grande linguiste. Elle se fait appeler Verrat, ces jours-ci. J’ai sa carte, si vous le voulez…

Intervidouilleur : Je sens qu’on s’égare.

Motte : Donc, on s’écarte?

Intervidouilleur : Pardon?

Motte : Vous parliez de Descartes...

Intervidouilleur : Moi?

Motte : Oui. Et qu’il faut toujours expliquer son œuvre au public…


Intervidouilleur : Oui...Ça me revient…alors permettez que j’insiste : pourquoi en parler sans arrêt?

(…)


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Une nuiT cHauDe à ToMboucTou

Après cet interminable temps passé
Dans cet aride et pérenne désert,
Il m'aura fallu l'huis de cette huître,
Et son délicat suc perlier,
Pour me faire à nouveau apprécier,
Hui, qui l'eût cru?,
La chaleur de la nuit...

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3.10.05

SaUvée paR ses aTTRibUTs

La jeune femme, accompagnée d'une gang de chums de gars, dans une position affriolante, est penchée sur la table de billard. Elle se concentre, calcule, estime les angles, recalcule, prend son temps. Même la fumée suspend son aéré envol. Puis finalement, sa queue s’élance, rate presque la boule blanche, laquelle s’empoche négligemment. Le ridicule porte le masque d’un silence de mort. Les gars se regardent, puis la contemple, elle : « Nous autres aussi, on aurait fait pareil… »

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23.9.05

ParaSites

Tchkssh... est une femme qui veut ...tchkssh... certaines étapes, qui est prête à un ...tchkssh... plus rapide, quitte à se ...tchkssh... plus tard, ...tchkssh... plus doucement, mais ...tchkssh... l’instant, elle voudrait presque ...tchkssh... les devants, elle est toute ...tchkssh... , elle ...tchkssh... prête, elle veut être ...tchkssh... tout de suite, prise, ...tchkssh... , déchirée, ...tchkssh... et elle entendrait bien le ...tchkssh... faire comprendre ...tchkssh...

Mais notre Dan est ...tchkssh... fin salaud après tout. ...tchkssh... la force à une ...tchkssh... docile, chaque fois qu’elle semble ...tchkssh... des devants, il la ...tchkssh... , arrête ...tchkssh... , arrête tout, lui dit des ...tchkssh... infini en ...tchkssh... , reprend ...tchkssh... dessus, comme un ...tchkssh... traditionnel, présage ...tchkssh... bête position ...tchkssh... ad vitam aeternam,...tchkssh... se sent frustrée...tchkssh... , mais également ...tchkssh... de le voir prendre ...tchkssh... en main, ...tchkssh... l’opération, une partie ...tchkssh... allumée, malgré ce que sa tête en ...tchkssh... , à cette idée de ...tchkssh... , pendant que ça dure...tchkssh... . Et toujours, il ...tchkssh... à en ...tchkssh... sur le champs, tandis ...tchkssh... , son ...tchkssh... Niagara commence presque à la ...tchkssh... gêner…


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15.9.05

La TouR

Sic(k).

Lorsque mon distingué collègue de D.D.O.,
Licencié ès sciences po, rien de moins, me dit:
« J’aime toujoursse ça prendre un bon marche, le nuitte,
Pa’ce que ça me donne le chance de faire la tour du Bloc »,
Je souris plutôt djaune

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11.9.05

Le LiT jaPoNais.

Que j’eusse voulu qu’Emma lise cette confession ne faisait aucun doute.

J’eusse voulu qu’elle lise que…
_______Quand Sam Uraï le samouraï s’amouracha de cette geisha,
_______Elle, sa moue railla le gars…
_______Ensuite, sa geisha gâcha le repas
_______Et s’arma d’un bokuto,
_______Lui d’un beau couteau…

J’eusse voulu qu’elle sache que…
_______Sam eût préféré un katana, un vrai sombre sabre japonais,
_______L’honneur sauf , quoi! Sauf, que quand t’en n’a pas…
_______Ou même d’un chisa-katana, bien qu’un vrai katana,
_______Ça brasse plus, ça embrasse dans le corps, s’embrase dans le cœur…

J’eusse voulu qu’elle suce que…
_______Linda la geisha préféra la gâchette, finalement.
_______R’ga’-çha, ce beau gâchis-là!

Mais jamais elle ne lira tout ça,
Car Emma ne m’aime pas,
Et ne parle pas français,
Pas plus qu’elle lit japonais…

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PlaisiRs surPRis.

À la santé d’Edgar.

Face à un regard furtif : une nouvelle soumise?
On me mit en bière d'en avoir trop absorbé.
La mort et le sexe sont nos deux seules vérités:
Laquelle de ces pulsions subjugue et hypnotise?

Ma Bérénice que chaque fois je déterre avant,
À l'approche de l'amour et de l'avenante amante,
Quand on a oublié comme ce sentiment contente,
C'est conquis que je me sens vivre vraiment.

On vit, on meurt; on revit constamment ce deuil...
Libido?... Suicide?... On en recrève, comme ringard.
Entre tes jambes, meurt-on à vivre ou à jouir encore,

Au chaud, l'âme happée, dans un si petit cercueil?
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30.8.05

Six Mois

C’est à la taverne du coin, un peu amoché, sous l’œil aguicheur de Kathou, une floune en liesse anniversairiale, que je fis la connaissance de Klaus, un Torontois, tel que son nom l’indiquait, qui, fraîchement arrivé à Longueuil, affirmait s’être rendu immensément riche grâce à un programme fédéral inédit et récent, et ce, malgré son apparence pour le moins délabrée, laquelle s’expliquait, disait-il, par un désir d’anonymat et un emploi-façade dans une quincaillerie digne des commerces de l’enfance de mes ancêtres. Je ne sus jamais exactement pourquoi il s’embêtait à travailler, surtout avec un patron violent et des collègues non-moins douteux de leurs agissements, alors qu’il roulait sur l’or, mais je réussis néanmoins à comprendre comment il avait accumulé une telle fortune, alors, humblement, voici :

Dès que le CRTC accoucha du projet de loi C-37, la sollicitation non sollicitée devint illégale, et on voulut créer une liste NE-PAS-APPELER, avec une jolie amende de 15 000 pour chaque appel fautif, mais comme cela semblait assez difficile à gérer, on conçut plutôt une liste VOUS-POUVEZ-APPELER, dont, je dois l’admettre, il m’avait également été étonnant d’apprendre que le nombre de twits prêts à sciemment vouloir recevoir des appels d’abonnement à La Presse © franchissait le Rubicon du cap des millions.

Mon nouvel ami Klaus entreprit rapidement de s’assurer que la parenté n’était pas sur cette liste et s’arrangea pour qu’ils militent publiquement contre le télémarketing; puis il se fit passer pour l’un et pour l’autre, demandant précisément à faire partie de la liste VOUS-POUVEZ-APPELER. Il suffisait ensuite de porter plainte et de récolter les 15 000 dollars lorsque le téléphone sonne, et puisqu’au début, les compagnies aux sollicitations débiles se garochaient sur les quelques rares (à ce moment) illuminés qui ajoutaient leurs noms à ladite liste, comme la misère sur les riches, chaque parent listé était ainsi affligé de plusieurs dizaines de requêtes illicites par jour, d’autant plus que les anglophones ont toujours reçu, en moyenne, beaucoup plus d’appels solliciteurs que les francophones, soit respectivement 4,1 appels contre 1,7 par semaine, selon un vieil article du Devoir.

Toujours est-il qu’à 15 000 piastres la requête fautive, et au nombre de beaufs que cumulait Klaus, nul besoin de calculette pour comprendre que nous pourrions boire encore très tard, Klaus et moi… Santé!

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(but kein rendu bicoze technicalung Internetum problemenen)

22.8.05

MadElEinE

Mado ayant manqué le temps des cultivateurs de bleuets de Saint-Thomas-de-Caxton, revêtit sa grande robe blanche et partit dans les champs, son petit panier sous son bras. En une heure, elle ramassa doucement de quoi remplir six (6) tasses de ces savoureux bleuets sauvages. Heureuse, elle revint à la maison gaiement, où elle nettoya hardiment son butin.

Une fois cette corvée achevée, dans une marmite démesurée remplie d’eau, elle fit bouillir ses trois (3) pots Mason de deux cent cinquante (250) millilitres pendant dix (10) bonnes minutes, afin de bien les stériliser. Puis elle remisa ces pots dans le four préchauffé à cent cinquante (150) degrés Fahrenheit. Dans un chaudron, elle fit bouillir ses minuscules fruits, mélangés à une demie (½) tasse d’eau et trois (3) cuillérées à table de jus de citron, tout en brassant constamment avec agilité, pendant dix (10) bonnes minutes. Elle ajouta deux (2) tasses de sucre qu’elle incorpora au mélange. Elle remua toujours sa savoureuse mixture, portée à ébullition, pendant au moins cinq (5) minutes; en fait, jusqu’à ce qu’elle commence à épaissir [la mixtion, pas Mado]. Simultanément, dans un autre poêlon, elle fit bouillir de l’eau, dans laquelle elle jeta les couvercles des ses pots de confiture, pour bien les stériliser à leur tour, mais pas trop longtemps, cinq (5) minutes au maximum.

Elle sortit les pots du four, les remplit de confiture aux bleuets sauvages, mais pas trop, laissant environ un quart (¼) de pouce d’espace avant le rebord du bocal. Avec une petite spatule de bois, elle fit le tour des pots afin de retirer les bulles d’air qui s’y logeaient possiblement. Mado, excitée de tout son ouvrage, avait chaud, terriblement chaud. Sa robe élégamment tachée ne lui était d’aucun secours : elle transpirait à grandes gouttes, tandis que sa langue goûtait la sueur salée qui perlait au-dessus de sa lèvre supérieure. Mado, tremblant délicatement, nettoya le bord de ses bocaux, puis, prestement, elle mit les rondelles SNAP sur lesdits pots, puis les bagues, en veillant à ne pas trop les serrer, tournant jusqu’à ce qu’il y ait un peu de résistance. Avec un amour maternel, elle replongea ses pots ainsi couverclés dans la gigantesque marmite d’eau bouillante, les laissant à leur sort dix (10) minutes durant. La vapeur et la chaleur envahissaient la cuisine devenue sauna. Toujours avec autant de finesse, elle les sortit de leur eau, et les déposa. En quelques instant, grâce à l’habile adresse de Mado, chacun des pots fit retentir son pop! caractéristique, scellant leur destinée à celle de leur amie pour l’automne et l’hiver, à tout le moins…

Exténuée, comblée, Mado se laissa choir dans un fauteuil, une jambe par-dessus le bras dudit fauteuil, la tête repoussée, les cheveux en broussaille, la robe frippée, maculée de bleuets et de sueur, essoufflée. Elle trouva quelques traces de son entreprise, qu’elle essuya du bout des doigts et qu’elle préluda de sucer délicatement, laissant sa langue caresser chaque saveur.

Dieu qu’il était bon d’enfin goûter de cette confiture-là!

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15.8.05

Le conte de la sorcière chagrine

Il était une fois, il y a un temps certain, dans une contrée lointaine, en tout cas, passé Longueuil, dans le rang des Magwa, à Saint-Léon-le-Grand, une gentille princesse, Manon, qui adorait les baies. De sa bay-window frimassée, elle attendait que le beau temps ramène celui des petits fruits.

En juin, chez Steinberg, ne la voit-on-ti-tu pas acheter moult paniers de fraises stéroïdiennes du Mexique… Et brasse, et brasse, et brasse, dans la grande casserole, et sucre, et chauffe, et brasse… Hop! Dans les p’tits pots ces fraises-du-Mexique-là, scellés par des croûtes de ciarges fondus. Mais bozwell de bozwell! Et bout de viarge! Qu’ont-elles donc, ces confitures-là?

Dans les champs, l’oreille au sol, les enfants hument l’arôme que le vent transporte…

En juillet, encore chez Steinberg, ne voit-on-ti-tu pas la princesse Manon, quelques boutons en plus, acquérir ses petits paniers de framboises boostées du Maroc… Et brasse, et brasse, et brasse, dans la grande casserole, et sucre, et chauffe, et brasse… Hop! Dans les p’tits pots ces framboises-du-Maroc-là, scellés par des croûtes de ciarges fondus. Mais bozwell de bozwell! Et bout de viarge! Qu’ont-elles donc, ces confitures-là?

Dans les champs, l’oreille au sol, les enfants hument l’arôme que le vent transporte…

En août, toujours chez Steinberg, ne voit-on-ti-tu pas la Manon, princesse frustrée, la face pleine de pouels, se procurer un char de bleuets ogéhemmisées des États… Et brasse, et brasse, et brasse, dans la grande casserole, et sucre, et chauffe, et brasse… Hop! Dans les p’tits pots ces bleuets-des-États-là, scellés par des croûtes de ciarges fondus. Mais bozwell de bozwell! Et bout de viarge! Qu’ont-elles donc, ces confitures-là?

Dans les champs, l’oreille au sol, les enfants hument l’arôme que le vent transporte…

À force de manger des fruits pleins de cochonneries, la vieille princesse Manon, édentée, devint hilare devant ses miroirs. Faut toujours bien sceller ses p’tits pots à confiture. Et se méfier des croûtes de ciarges usagés refilés par Monsieur le curé, tout comme des p’tits bouts de viarges, comme la princesse Manon…

Et plus jamais on ne la vit derrière sa bay-window…

Tandis que les enfants hibernent, repus et comblés.

Moralité :
Qui scelle mal, les biens pourrissent;
Comme qui sucre trop, mal sourit.


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1.8.05

J'ai rajouté un peu de sel.

N’en pouvais plus de cette garce frivole:
Une Go ask Alice au pays de réfléchissants gels
Me renvoyant mille fois ma propre vilenie.
Aussi, je vis à la marier, en moins de deux.
Pour me délivrer de cet enfer.

Mariée, en définitive, plus, elle ne rigole!
Terminés, ses élans tenaces de folle rebelle!
Et de tous les prétendants hirsutes finis,
Je choisis le plus abominable des affreux,
Apte à la mater, dès cet hiver.

Le calme revenu, un speaker grippé expectore sa météo frigole.
Histoire d’en rajouter, ça a retoussé un peu de gel.

Moi, j'ai rajouté un peu de sel.

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12.7.05

Le Pantalon de Paul

Paule Hariddeau aimait jouer de la flûte. Elle en jouait tout le temps, mais pas trop longtemps. Elle improvisait beaucoup et composait parfois des œuvres minimalistes intenses qu’elle affublait de titres inouïs tels que « Le Pont en tôle à péage », «La Pâle Lampe à taons », « La Toile de peau en la » ou « La Poêle-à-tapons de Léa »…

Pendant qu’elle exécutait « Le Pas-trop-long de Pan » sous la douche, elle eut une révélation quant au vide infinitésimal de sa puérile existence.

Elle, qui eut rêvé d’une vie-fête d’amour, de joie, de plaisirs (parfois coquins) et de contentement intellectuel, elle n’était que partie-d’une-région-réfugiée-dans-l’anonymat-de-la-grande-ville-de-Sorel-entre-deux-Hells-sans-passion-sans-argent-sans-foi-sans-vêtements-à-ne-lire-en-tout-et-pour-tout-que-le-journal-régional-et-le-publisac-et-tout-ça.

Aussi, donc, décida-t-elle, drette là, ainsi d’en finir, en se fichant les gros orteils dans la prise de courant.

Ses dernières paroles, inspirée, furent : « le pantalon de Paul!!! »

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Regrets et Remords

Motte ‘n’ Jeff (Dialogue automatiste niais) : Ze feuilleton.

Quatrième partie : Big Boum!

Motte -
Allez, viens, allons acheter des soutiens-gorges, allez ! viens !

Jeff -
Des soutiens-gorges? demanda incrédule le grand, en s’essuyant la bouche et en replaçant son lunch.

Motte -
Bien oui, des brassières, tu sais, comme tu les aimes tant, allez viens…

Jeff -
Oui ! D’accord, je te suis.

Il marchèrent la gaieté affichée au regard, tandis que les boutiques spécialisées se succèdent, de « Deuxième Peau » avec ses tout petits bouts de matériels appelés soutiens-gorges, mais aux dimensions si ridicules qu’on eut pu en faire 5 avec un seul mouchoir et aux prix exorbitants, dans les 130$, ou les bobettes strings à 90$ ; en passant par « Jacob Lingerie » qui n’offre que du vêtement de taille adolescente anorexique, c’est à se demander qui achète ces sous-vêtements qui de toute façon ne cachent plus rien [alors pourquoi en acheter] ? C’est sur ces réflexions qu’ils se rendirent compte de leur perte de temps. Mais le grand devenait de plus en plus excité, de voir tous ces mannequins immobiles, durs et froids, aux mamelons perpétuellement érectés, tous ces non-êtres, tous ces cadavres debout qui occupent son esprit et ses caleçons.

Jeff -
Je… je… que dirais-tu si on… enfin… peut-être un parc, une chambre d’hôtel… euh… Le roux regarda son ami avec un sourire complice de celui qui a hâte d’enfin encore sentir le gros de son compagnon, la douleur se mêlant au plaisir. Bref, n’en pouvant plus, ils partirent se retirer, dans un endroit reclus, où sauvagement le roux ferait le mort, pour mieux revivre…

***

Fumant leur joint, après l’acte ou plutôt les actes, les draps sales et gluants de partout, les cheveux épars, nos amis sourient bêtement, satisfaits…

Motte -
Tu sais, mon grand, que c’est vrai que tu aimes la mort et le marbre ? T’en rends-tu compte ?

Jeff -
Pourtant tu vis… Sur ce, le grand sortit son grand sabre et trancha la tête de son amant, pour ensuite poursuivre son party seul, l’alcool et le sang coulant à flots, pendant toute la nuit, malgré toutes les sonneries de téléphones…

***

Un escadron d’anges passa.

***

Motte -
N’as-tu point de remords, nenni de regrets ? Tu trouves ça drôle, j’imagine ? Pourquoi fais-tu toujours ça ? Ça fait mal !

Jeff -
Excuse-moi, j’ai perdu la tête, hi hi hi !…

Motte -
Ha. Ha. Ha. Très drôle…

Jeff -
Ce n’est rien, regarde ! Maintenant, je vais prendre mon pied ! joignant ainsi la parole aux actes, le barbu tranche net le pied du corps inerte de sa rousse victime.

Motte -
T’es con, tu sais ?

C’est alors qu’éclata la bombe à neutron ukrainienne (ils le nieront, puis ensuite avoueront peut-être, que, « ouais, ben finalement, possiblement quelques vicitmes potentielles, genre, euh, quelques petits civils juifs qui devaient passer par là, style, à Montréal, imagine-t-on, et ce missile qui a eu un moment d’égarement malencontreux, et la Russie qui nous tord un bras, enfin, on s’excuse presque, peut-être, qu’est-ce qu’une poignée de Montréalais agonisants devant des centaines de milliers de Palestiniens, tenus en cage dans ces camps, tous ces jeunes tués quotidiennement comme on bute des canards en bois à la foire, ou comme de vulgaires pigeons d’argile humains, pendant que la planète regarde ailleurs, s’il n’y aurions pas les vestiges d’un dinosaure à découvrir quelque part, ou des effets de serre à analyser loin de tout ça, puis, nous dans le fond, on s’en fout, on n’est même pas arabisants, puis on a fait notre part avec Serge Nobile, alors, ouais, on s’excuse, mais dans le fond, ce n’est pas vraiment nous, c’est plutôt Vadim qui a abusé de la vodka frelatée de son grand-oncle mort en Tchétchénie, alors qu’il visitait une blonde, elle-même récemment enrôlée dans la résistance de l’Azerbaïdjan, alors voilà, on n’a plus de ses nouvelles depuis, facque, on ne le refera pus, bon. »), bombe donc, qui comme tous le savent, ne détruit pas les immeubles, mais pour ce qui est des os du barbu qui se désagrégèrent instantanément… Et que dire de ses dents qui, elles, fondèrent lentement dans sa bouche pâteuse ?

Motte -
Au moins, je ne sentirai plus tes dents ! hilara la tête décapitée du roux.

Jeff -
‘a ‘hié.., s’ie…
à suivre...

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RE:


Mott ‘n’ Jeff (dialogue automatiste niais): Ze feuilleton.


Troisième partie : Histoire érotique sous réverbère.


À suivre…

5.7.05

"Doctor Livingstoned, I presume?"

Écoutez ce texte exclusif à l'émission
Mal de Blog! sur CISM-89,3 FM
le mercredi 6 juillet 2005, à 9h [Montréal].


http://maldeblog.blogspot.com/2005/07/mission-du-6-juillet.html

30.6.05

Armelle fixa le coin du drap

Motte ‘n’ Jeff (Dialogue automatiste niais) : Ze feuilleton.

Deuxième partie : Inch Allen !

Armelle fixa le coin du drap ontologique de nos amis, à la maison, comme un ange qui passe, la fixation de coins de draps de leur bonne étant toujours signe d’une montée de grandes vexations… Ainsi donc, pendant ce temps, déhors :

Motte -

Jaloux. Tout ce qui est talentueux te vexe. Jalousie crasse.

Jeff -

Faux. Joe Dassin, par exemple, voilà un spécimen de talent rare s’il est un. Bien, Joe Dassin, je te le dis en mille, j’en suis pas jaloux. Voilà !

Motte -

C’est parce qu’il est mort. Et puis, tu as le talent assez facile, il me semble. Peut-être n’es-tu jaloux que du talent vivant ?

Jeff -

Quoi ? Il est mort ? Quand ça ? Comment ? s’affola Jeff.

Motte -

N’importe quoi ! soupira la grosse tête du roux. Bien sûr qu’il est mort ! De quoi, qu’en sais-je, moi ? De syphilis, je suppose… Peut-être de la sida ? Et puis ne change pas de sujet. Le talent vivant t’horripile, avoue ! Le grand épouvantail n’arrêtait pas de pleurer en apprenant la mort de son idole. Avec émoi et moult gestes, ainsi en marchant de sa démarche lancinante, il avait l’air affecté d’une crise d’épilepsie au ralenti. Entre les larmes, il continuait :

Jeff -

Comment pouvais-je savoir qu’il trépassait dans le stupre, et en conséquence, n’en être point jaloux ?

Motte -

Je suis sensé te comprendre, là ?

Jeff -

Mais enfin, puisque j’ignorais mon deuil à son sujet, comment pouvais-je ainsi légitimiser ma non-jalousie, pour cause de mort, à son sujet ? De toute façon, mort ou vif, il est talentueux et j’en suis point jaloux, conclut-il en reprenant sur lui.

Motte -

Je persiste à te croire allergique au talent, toi, « L’Art, le Sexe et la Mort ».

Jeff -

Ben voyons donc, Woody Allen est un vieux sénile qui oublie qu’il avait déjà fait ce qu’il refait avec des fonds dont je redouterais la provenance mafieuse. Il y a plein de gens talentueux dont j’admire l’excellent travail artistique. Motte - Bien sûr, ironisa notre petit bonhomme roux.

Jeff -

Prends, outre Joe Dassin, Groucho Marx, par exemple. Voilà un artisan du cinéma dont on peut vanter le talent, l’imagination, la folie, bref, l’Art subtil de l’humour décapant.

Motte -

C’est un autre macchabée.

Jeff -

Non ?

Motte -

Si!

Jeff -

Bien, voyons ! J’ai vu un de ses films pas plus tard qu’hier !

Motte -

D’une rigidité cadavérique, que je te dis ! Tous les films noir et blanc sont faits par des morts. Méfie-toi.

Jeff -

O.k., Dalida, d’abord.

Motte -

Mort… ou morte, enfin…

Jeff -

Non ?

Motte -

Je te l’assure. Cimetière Montparnasse.

Jeff -

Hum… Andy Warhol ?

Motte -

Mort !

Jeff -

John Lennon ?

Motte -

Assassiné !

Jeff -

Denis Drouin ? Brian Jones ? Émil Ajar ?

Motte -

Crise de cœur ! Noyé ! Suicidé !

Jeff -

Voyons donc !?! Incrédulait-il entre les sanglots. C’est que toutes ces morts le peinaient grandement… Charles Beaudelaire ? Klaus Nomi ? Henry Miller ? Piotr Tchaikovski ? Mishima Yukio ? Keith Harding ? Juliette Huot ? Freddy Mercury ? Alfred Hitchcock ? Lady Di ? Harpo Marx, il n’est pas mort, lui au moins ? Laissez-moi au moins Chico !?! Jimi Hendrix ? Roy Lichtenstein ? Charles Bukowski ? Anaïs Nin ?

Motte -

Tous morts !

Motte reprenait, en définition, du mieux. Il s’amusait à tourmenter ainsi son copain de tout cet éventail de morts soudaines. Le grand gaillard s’effondrait de plus en plus. Une grande partie complète de son univers versait soudainement dans de nombreuses sépultures, vers la mort, vers le néant, vers l’oubli. Il lui semblait avoir été tenu en vie artificiellement, et que toutes ces morts le ramenaient à une réalité qu’il ne connaissait pas, qui lui échappait…

Jeff -

Je ne peux le croire…

Motte -

Allez, allez, il en reste sûrement un ou deux que tu connais qui vivent toujours, à l’encontre de toute probabilité…

Jeff -

Euh… Liberace ? Igor Stravinski ? Marc Gélinas ?

Motte -

J’ai le regret de t’apprendre leur décès, à tous. Je n’y peux rien : tu aimes le mort, le froid, le marbre, la nuit.

Jeff -

Tu exagères, quand même !

Motte -

Bien non, c’est ça le drame, dit-il le sourire à la bouche, je ne puis être plus sérieux. T’es un vrai Vertigo, un fossoyeur, un nécrophile assoiffé de sexe et de sang.

Jeff -

J’en reste coi.

Motte -

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. Démonstration de la preuve par l’absurde, mon cher. Voyons maintenant les vivants… N’aimes-tu pas Céline Dion, Vladimir Poutine, Oliver Stone, Yannick Marjot ou Renny Harlin?

Jeff -

Misère… Je les haïs tous avec passion. Tu triches, j’en suis sûr. Attends, je vais t’en trouver quelques vivants que j’admire…

Ici et maintenant, inlassablement, le temps fait son œuvre, effectue ses ravages, érode les visages et les esprits, alors que des dizaines de neurones meurent et des milliers de micro-organismes crèvent et vivent en nous, sur nous, parasites témoins de ce temps qui nous file entre les doigts, comme Madeleine qu’on attend tous, qu’on n’attend plus, dans notre âme meurtrie, alors que nos cœurs jadis jeunes s’emmurent, se protégeant des afflictions sentimentales qui pleuvent de plus en plus sur nous, nous qui demeurons toujours seuls, nous sommes toujours seuls, même quand on l’est pas, seuls avec nos mains sales, nos joies pour toujours évanouies, la passion assassinée, la recherche du Saint-Graal justifiant notre existence, le sens à donner sans boussole et encore et toujours seuls, incapables d’autre chose que d’errer, n’ayant compris quelque chose à notre misère éternelle, seuls, encore et toujours, écœurés, fatigués, suicidés mais vivants, pendant que les secondes passent, le vent sifflant, perpétuellement plus froid, plus dur, dans nos cheveux qu’il arrache, révélant la calvitie qui cache ces fameux neurones morts qui pourrissent dans notre crâne, tandis que les vers commencent déjà à nous cancériser le corps, le cœur et l’âme…

Motte -

J’attends toujours, s’impatienta le roux personnage.

Jeff -

Je… je ne sais pas, je ne sais plus…

À suivre…

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21.6.05

Trois dollars et quelques sous

Motte ‘n’ Jeff (Dialogue automatiste niais) : Ze feuilleton.

Première partie : Êtes-vous de ces gens qui ne peuvent s'endormir le soir sans avoir d'une façon ou d'une autre élevé leur esprit?

Motte -
Je suis le soleil,
Je suis l’air.

Jeff -

Je suis intemporel, et pourtant si ponctuel, lui répondit-il.

Motte : -
Je suis Temps, continua Motte,
Je suis Lumière : particule et onde.

Jeff -

Je suis Douleur et Peine,
Je suis « Bleu », et je le revendique, revendiqua-t-il,
J’en suis son père et son inspiration.

Motte -

« I am the son,
I am the heir...
»

Jeff -

Je suis Peur et Chaleur,
Je suis Lovecraft et Poe,
Je spleene.

Motte -

Je suis comme « le bruit d’une sonnerie de téléphone dans une sombre ruelle déserte, perdue dans la nuit… »

Jeff -

Je suis Vibration,
Je suis Intense,
Je suis Douleur et Peine, les muscles soubresautés encore tendus, comme sous l’effet d’une douloureuse crampe doucereuse.

Motte -

Je suis l’imperceptible,
Je suis insaisissable.

Jeff -

Je suis Art…

Motte -

« Art thou mad, old fellow » interrompit-il inégalament.

Jeff -

Je suis Sexe,
Je suis Mort.

Motte -

Ainsi donc Woody Allen avait raison.

Motte avait l’air sombre en rappelant les pensées du cinéaste. Délirant normalement avec frivolité et humour, c’était un étrange tableau de le voir ainsi préoccupé. Il était de taille moyenne, presque petit, avec une énorme tête pleine de neurones confus, les cheveux roux éclatés. Ses yeux tombaient dans des abîmes bleus, surtout sous l’effet de sa soudaine mélancolie. Sinon, que pouvait-on évoquer d’autre en le voyant ? Il portait un trench qui semblait trop long pour lui, qui semblait lourd, comme toujours trempé. Il marchait en déclamant ses paroles à Jeff, avec une vigueur surprenante pour sa charpente, ainsi alourdie par son manteau.

Jeff -

Bon, tout de suite les gros mots, avec tes gros sabots, les mots qui blessent, les paroles lourdes de sens et de sous-entendus. Ne peux-tu pas être plus joyeux, plus gai, plus léger, sans citer personne, sans allusions, directement au but, dans le calme et la sérénité ?

Jeff soupirait bruyamment. Comme c’est toujours le cas, il était grand et mince, avec une longue barbe et les yeux noirs pétillants de malice, de défi. Il semblait aussi fou que son comparse roux. Il marchait lentement, comme un gros le ferait, ses longues savates tirant des pieds interminables, d’un pas à l’autre, avec une langueur presque comique. Il n’était jamais pressé, sauf, peut-être, en paroles.

Motte -

Qu’as-tu contre Woody Allen, corbeau de malheur, mon espèce de Poe?

Jeff -

Il se répète. Et on le loue à 3 piastres et quelques trente-sous… Un vrai p’tit Christ !

À suivre…
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15.6.05

Un mercredi midi à la taverne du coin

Technique simple, efficace et propice
Qui permet de faire revenir au foyer ou à l’hospice
Une personne ou un animal aimé définitivement,
Ou même rencontrer le futur compagnon à vie rapidement.

Non, ça ne vaut pas le coût de se décourager!
Car il n’y a pas de problème sans solution, allez!
Prenez contact avec moi!

Mon pouvoir et mon savoir-faire
Garantissent mes travaux occultes et tout plein d’affaires.
S’elle ou poivre est déjà parti(e) ou mort(e),
Il/elle/ça reviendra dans 3 jours après que j’en aie pris note,
Et restera irrémédiablement avec vous,
Comme le chien avec son Maître.

Je suis capable de vous dire après seulement quelques bières,
Toute la vérité que vous cherchez à savoir sur votre vie entière
Avec des preuves concrètes!
Notamment les pichets, les cartes de crédits et les chèques.
Avec des dons de famille,
Je vous résous toutes vos sentimentales bisbilles!

Si vous voulez des résultats immédiats
Qui vont vous convaincre et vous laisser pantois,
Passez me voir sans tarder
Les mercredis midis, à la Taverne Laurier.

Je réussis là où les autres ont échoué,
Grâce aux dons de mon grand-père mort sur un bûcher,
L’un des plus grands amourologues qu’aient connu
Tous les taverniers montréalais, de 1930 à 1969 et plus!

D’autres possibilités sont offertes, si j’ose,
Mais alors, vraiment, une consultation s’impose.


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8.6.05

Histoire érotique sous réverbère

(Extrait de Motte ‘n’ Jeff [acte 1, scène 1])

[…]
-- Allez, on n’en meurt pas. Et puis je t’aime, tu sais, alors pourquoi s’en faire ? All is but a dream within a dream… Allez, oublie la noirceur de la mort que tu aimes tant sans le vouloir… Allez, allez, Jeff, viens, viens ici, mon grand.

Sur ce, le roux embrassa doucement son triste ami, puis au troisième baiser, força presque sa langue à le pénétrer doucement, puis plus activement, avec passion et amour et perversion, la salive comme débordant de ce baiser indécent, pendant que le grand épouvantail y mit du sien, leurs langues se pénétrant l’un l’autre, comme un phallus, dansant ensemble, comme deux poissons fous qui valseraient dans une jouissante source d’eau fraîche, les deux devenant de plus en plus excités. Et encore ce temps qui passe au loin, tel ces deux adolescents junkies qui traversent la rue au loin, au pas de course, une horloge grand-père entre les mains, ce temps qui fait que plusieurs minutes passent, pendant que les amis s’embrassent, pendant que le roux caresse le sexe de son ami, à travers son pantalon, comme ça, devant tout le monde, en pleine rue Mont-Royal, ces deux jeunes hommes, presque adolescents, bandés de désir et de pulsions folles, sous le regard parfois amusé, mais surtout affolé et scandalisé de mal-baisés qui les croisent. Alors que le grand brun est sur le point d’éjaculer, son roux ami brise l’étreinte et lui dit :

-- Allez, viens, allons acheter des soutiens-gorges! Allez ! Viens !
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3.6.05

Un petit bout de papier chiffonné dans la poche arrière de son jean

Dans la série : Quand le doute te tient, r’vire ça en alexandrins

De l’arrogance dans laquelle il s’était complu,
Jamais ne su qu’il a été ainsi vendu,
Par un bout de facture du chic Motel Gladu
Rempli de lits d’eau et autres histoires de cul.

Léger coup de poêle en fonte lui aura fallu,

Pour comprendre l’essence du message de sa cocue.
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25.5.05

Photo

Attaque terroriste à Manic 5!
Les barrages d’Hydro ne sont toujours pas sécurisés.

Il appert qu’on peut toujours accéder aussi aisément aux divers sites des barrages hydroélectriques d’Hydro-Québec, comme en témoigne l’attentat perpétré hier dans la nuit, au site de Manic 5. Un sombre individu que d’aucuns croient affilié à des réseaux terroristes musulmans, s’est fait passer pour un journaliste de Télé-Contenu, pénétrant simplement sur les lieux, armé d’un camion plein d’armes de destruction massive(s) (ADM).

L’attentat a pu être évité grâce à un glissement de terrain qui emporta le vil véhicule dans la flotte environnante. Une des caméras de surveillance nouvellement installée a pu croquer un cliché du sinistre individu s’enfuyant avec une de ses sinistres ADM à la main. Heureusement, jusqu’ici, personne n’a encore été blessé et l’homme (ou la femme) est activement recherché par trois policiers dépêchés sur les lieux de la tentative de crime.



C’est suite aux suites des divulgations de Radio-Canada, en mars dernier, selon lesquelles les barrages hydroélectriques d’Hydro-Québec, dans le Grand-Nord © québécois, n’étaient pas protégés contre une éventuelle infiltration étrangère, donc aux intentions belliqueuses, que plusieurs croyaient que le problème avait été réglé depuis.

En effet, dans un reportage choc, une équipe de journalistes de Radio-Canada avait réussi à franchir les clôtures de plusieurs sites, pénétrant avec une aisance déconcertante dans divers bâtiment de la compagnie d’État. D’autres médias se sont par la suite approprié la nouvelle, le réseau TVA mandatant elle aussi une équipe de journalistes, justement, à Manic 5. En ces temps d’appréhension terroriste, plusieurs voix s’étaient élevées pour réclamer la mise sur pied d’un système de sécurité adéquat.


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19.5.05

GatE NumbER J10

Requiem [6:30]


Vieux fou, thème omniprésent, signe des temps, vieux gaga de Benvenuto de mes deux! Tu me manques, vieille croûte!

Dis-moi, donc, vieil escogriffe, comment t’as pu naître en Italie, à l’autre bout du monde, et aboutir à Montréal? Quels sortes de géniteurs hallucinés t’ont créé au début du siècle? D’où viennent tous ces mystères qui t’entourent toujours?

Grand ténébreux grisonnant, as-tu seulement goûté à ta jeunesse?

Il me vient en mémoire notre première rencontre… Les copains de la fac étaient inscrits à ton cours et ils m’avaient sérieusement recommandé, insisté même, que j’y fasse un tour. Un prof délirant, incroyable, une force de la nature me disait-on alors… Ce vieil énergumène valait le détour à lui seul…

Intrigué, gêné, je m’étais introduit dans le troupeau… Au premier regard, comme un chaste coup de foudre, on s’est compris, jugés, admis. Tu m’appelais Il disturbator, et j’étais suspendu à tes lèvres, tandis que tu narrais César franchissant un Rubicon aussi large et profond que la traînée de pisse de son cheval… Ta voix retentissait dans nos oreilles, faisant écho sur les murs de la salle de classe… Tu es érudition et passion, mieux que tous les films d’Hollywood réunis. Mieux que Les Raquetteurs, mieux que toute la production humaine en savoir-faire de récits, tu subjugues par tes paroles, hypnotises par le timbre de ta voix, toujours intéressant, toujours à propos et constamment drôle. Un être comme jamais j’en avais rencontré auparavant, comme je n’en ai pas vu depuis. Unique. Un roc. Vieux Ben, je t’aime fougueusement et je parcourrais le monde pour t’entendre me raconter la chute de l’Empire, encore une fois…

Nous sommes devenus amis.

Toi, ma muse, qui as inspiré tant d’aspects de ma vie, qui influences ma vie professionnelle de manière indélébile, indéniable et infinie, j’entends ton rire dans mon buerau, ou t’imagines dessiner des mickeys sur le tableau…

Vieux brigand, dans combien de projets délirants ne m’entraînes-tu? Toutes ces magouilles de fonds de fonds de tiroirs, quand tu ne payais pas de ta propre poche, pour sauver le monde, pour alphabétiser le Québec au grand complet, avec tous ces immigrants, tous ces vieux Italiens perdus dans le nouveau monde… Combien d’heures à filmer, à faire du montage, à enregistrer des exercices oraux, à faire de la recherche, à déboguer ton Mac, à installer des logiciels, à t’aider, à relire, à corriger, à discuter… Vieil idéaliste, bourreau de travail, les heures ne se comptent jamais avec toi, combien de travaux publiés, de contrats acceptés, et cette putain de thèse, combien tu m’as moralement poussé dans le cul, pour que, moi aussi, je devienne un chevalier, sauver le monde à mon tour, à tes côtés, jusqu’à ce que le mal de l’ignorance crève de sa belle mort.

Combien de hamburgers Harveys’ ne m’as-tu pas payés, vieux bouc, après nos interminables heures de travail. Et ces soupers mémoriaux chez toi, alors que sortent moult bouteilles de ton vin, c’est la dégustation officielle, on ouvre celle-ci, puis celle-là, « mais on n’a pas fini la dernière », « pas grave, je la boirai plus tard », nos millions de bouteilles entamées, tandis que la 5e entrée fait son apparition dans nos assiettes… c’est sans compter les 3 plats principaux, le fromage, à pleines meules, je ne blague pas, des kilos de fromages, avec les digestifs et les tord-boyaux, puis le dessert!

Je ne réussis jamais à survivre à la 3e entrée…

Et mon vieux brindezingue de Benvenuto, fin orateur, qui nous conte et raconte et reconte et réinvente les mille et une nuits de l’histoire de l’Italie… Ton érudition, mais surtout ton humour nous laissent alors pantois, ahuris, hilares!

Quand tu ne sauves pas le monde, vieux toqué, tu rénoves ou construis ou t’occupes de tes pommiers, tu dorlotes Carmen, tu fais ton vin, mais reviens toujours à sauver le monde, infiniment, toujours, encore et encore… C’est surprenant qu’il ne soit d’ailleurs pas sauvé et repenti à l’heure qu’il est, après un siècle de labeur de ta part…

Je me souviens de tes folles histoires, vieux complice, et t’y revois, t’occuper des moutons, là-haut dans les montagnes de la Lombardie, « pour payer mes études », ça fait moins romantique, mais c’est ça qui est ça, n’est-ce pas Ben? Et ton exil forcé à Paris, avec la montée du fascisme. De ta venue au Québec, allez savoir pourquoi, sinon pour sauver, pour rescaper tous ces pauvres émigrants italiens, déracinés. Que seraient-ils tous devenus sans toi, vieux téméraire?

Nous avons nommé notre fils d’après ton patronyme, et tu as été le premier à apprendre que notre fille « s’en venait ». Tu es si présent à mon esprit, que ça n’en frôle le délire…

Puis, je t’ai perdu de vue, toi et bien d’autres, avec la famille, le boulot, le temps qui manque toujours… je m’en veux comme tu ne peux pas savoir, Ben, comme tu me manques.

Puis, là, bêtement, on m'a appris ton décès, ton cancer, tes derniers gestes, si stupidement quotidiens : cette salle de bain que tu fais rénover, avec des miroirs à coût de milliers chacun, du marbre partout, une citation de Saint-François d’Assise, gravée de lettres d’or sur le plancher… bref un REER au complet qui y passe; et cette horloge grand-père que tu as fait faire pour Carmen et que tu n’as jamais vue…

On m'a appris ta mort, comme on donne rendez-vous au passé. Où étais-je quand tu aurais pu avoir besoin de moi? À quelle bêtise du quotidien étais-je abaissé? Comment n’ai-je pu sentir la mort venir te chercher, pourquoi n’ai-je pu être à tes côtés, à faire semblant de combattre Mister C, The Big C, vieux salaud, vieille peau, pourquoi ne pas m’avoir averti, vieux cabochar? Je t’en veux tant. Je m’en veux tant.

Et d’apprendre que tu étais un prêtre, vieux comique, vieux cachottier, un curé qui a fondé une église dans une ancienne caserne, à Lachine, contre l’avis de Monseigneur Léger, en passant directement par le pape en personne, une autre de tes manigances dont tu avais le chic. Et ce doctorat en théologie, pas étonnant que ton savoir en matières ès biblique fut sans failles, combien de débats religieux avions-nous eus ensemble, enflammés… Et dire qu’hier, déjà, tu m’expliquais comment un peuple pouvait élire La Cocciolina

Tu me fais chier, Ben, vieux con, vieil ami, la vie n’est plus la même sans toi… Elle ne l’était déjà plus, juste avant de te perdre de vue… je passe ma vie à te perdre…

*
* *


La dernière fois que je t’ai vu, tu racontais, avec ton ostie de brio habituel, comment on cultivait la soie. Toujours aussi érudit, toujours aussi intéressant, toujours aussi immortel… Monique t’a demandé comment tu faisais pour savoir tout ça, et tu as répondu avec humour « si vous aviez mon âge, jeune dame, vous en sauriez des choses! »

Justement, t’en as pas d’âge, Ben, t’es intemporel, beau et mort.

Adieu, vieux fada…

Je t’aime.




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12.5.05

RogER au mois dE mai

« Mes amis me disent : Si tu voulais seulement visiter sa tombe!
Mais je leur ai répondu : En a-t-elle aucune autre que mon coeur? »
Mohammed ibn Abd Almalih ibn Alzaijat

Afin de pouvoir opérer une autopsie sur un cadavre préalablement enterré, on doit obtenir des justifications légales approuvées par un juge encore de service. Une fois muni dudit mandat, il appert important de ne pas avoir affaire à un incinéré, alors il importe de bien vérifier. Ensuite, une visite chez les pompes funèbres peut s’avérer fort utile, si celles-ci peuvent nous contenter d’informations importantes parfois disparues des suites de l’embaumement. Aussi, il faut bien scruter les registres pour tout indice référant à un médecin légiste qui aurait passé par là ou un quelconque rapport rédigé des suites du décès. Ce n’est qu’après ces désagréments d’usage qu’intervient enfin la profanation proprement dite du sépulcre.

Pour exhumer un mort, il faut, outre les accords légaux et médicaux, la collaboration cléricale, s’il y a lieu, accompagnée de quelques fiers à bras habitués à creuser la terre pour y mettre les corps plutôt que pour les y extraire. Pendant que les besogneux se mettent à la tâche, parfois malheureusement aidés de mécaniques compliquées, je dis « malheureusement », car quoi de plus beau que de voir ces hommes, fiers, suer tout leur soûl, pour notre bon vouloir, tandis que pour ne pas paraître lâche, nous faisons installer l’habituel ruban jaune canari avertisseur de choses policières et donc sérieuses, par de joyeux sbires subalternés du poste.

Le tout peut avoir l’air facile, mais ce sont des heures, des jours, voire des mois d’ententes, de paperasse et de fuckage de chien, avant de pouvoir en arriver là. Sans compter l’hostilité normale des différentes autorités, surtout religieuses et familiales, lesquelles, issues d’une certaine plèbe intellectuelle, ne comprennent rien de l’importance de la recherche criminelle, sinon médico-légale, à des fins de quête de vérité et d’absolu. C’est donc pourquoi on peut se sentir véritablement, humblement et justement victorieux, quand, sous la fine pluie d’automne, on admire ces hommes bien en chair et en muscles, parfois que camisole au corps, creuser sauvagement dans la glaise, automates faisant partie d’un vaste engrenage assoiffé de pures justice et lumière, tandis que les collègues vous accompagnant, tous jeunes, vigoureux et sous vos ordres, vous entourent. On sent vraiment un sentiment de jouissance quasi infinie à jouer ainsi, « seul maître à bord », avec les choses du Divin, à lui enlever ses macchabées des mains, Nous, régnant ainsi sur sa prétentieuse impuissance.

Une fois que la bière est tirée, il faut la boire..., aussi je tairai, pour des raisons stylistiques et de lourdeur de texte, les détails inutiles de courroies à passer sous la tombe, permettant de la hisser hors de terre, des muscles encore endoloris et sales, de la mécanique poulissante, du dépôt dans un véhicule attitré, du transport, de la pluie toujours aussi tenace et fine, de la douche d’usage, bref, des autres formalités de la morgue...

C’est à un représentant des pompes funèbres, d’ordinaire un jeune, du genre en stage ou peu expérimenté, qu’il revient alors d’ouvrir la tombe, à l’aide de vulgaires tournevis ou grâce à un ingénieux système de déverrouillage. Il est loin le temps de la boîte en contre-plaqués expertement clouée en un tour de rein. Une fois le couvert ouvert, le stagiaire se sent généralement mal et va vomir un peu plus loin, ne serait-ce que grâce à la fétidité. Dans l’éventualité selon laquelle les odeurs n’aient pas cet effet, dans tous les cas, on peut affirmer que le spectacle visuel qui s’offre alors à eux a vite fait de les achever. Je ne sais trop ce qu’ils font par la suite, outre disparaître quelque temps, s’ils se précipitent prendre l’air fumant nerveusement une cigarette ou s’ils vont prendre un café à la cantine, à moins qu’ils aillent prendre une longue douche chez eux ou ailleurs...

Accompagné du médecin légiste, sourires moqueurs et complices devant la déconfiture de la jeunesse, nous commençons l’examen. D’ordinaire toujours, le représentant de la justice ne peut toucher aux restes qui s’offrent à lui. Seul le médecin spécialiste a le droit et l’autorité de le faire. Nos commentaires sont éternellisés, eux, sur ruban magnétique. Parfois, pour faire une preuve devant la cour, nous enregistrons le tout sur vidéo, mais cela est plus difficile, car il faut bien voir, chercher les angles, travailler avec un caméraman, sinon une équipe technique entière, dont les membres ne cessent de flancher comme notre jeune croque-mort, ce qui fait qu’on doit constamment arrêter, recommencer, être patient, bref, c’est pénible pour qui veut accomplir son devoir, mais surtout, il est plus difficile de cacher ses fous rires et son humour scabreux, souvent à l’idée même de la tête que feront les membres d’un jury, par exemple, à la vue dudit document.

Les sens de l’odorat et de la vue, souvent mêlés à ceux de l’ouie, sont mis à l’épreuve selon le cadavre. Ce n’est pas une question d’âge ou de sexe du corps, mais plutôt au regard de la durée de l’exposition, si j’ose dire, in terra. Parfois le type d’embaumement peut aussi jouer sur la senteur et le degré de détérioration du mort. Ce n’est pas vraiment qu’il n’y ait plus de viscères, ce qui retarde drôlement le pourrissement du corps, mais plutôt le fait que le ventre puisse être rempli de différentes substances, certaines altérant le processus naturel de décomposition. En vérité, il est assez rare d’exhumer un cadavre vieux de quelques jours, puisque la raison de l’exhumation dépend presque toujours d’une laborieuse enquête nécessitant beaucoup de temps.

Les raisons pour vouloir revisiter les secrets d’un mort sont infinies. Il peut s’agir de revoir la cause du décès, cette cause ayant généralement des ramifications légales de type meurtrières, autant pour condamner que pour acquitter. Aussi, il peut s’agir de sombres histoires de successions ou de paternités évoquées, pour lesquels ont fait des tests d’ADN. Il peut même y avoir des besoins de preuve, reposants sur un tatouage ou une mutilation intime, si ce n’est de prouver, comme c’est le cas aujourd’hui, l’erreur sur la personne reposant dans la tombe. Bref, je vous fais grâce des autres motifs, farfelus pour la plupart, qui permettraient à un juge un peu sénile d’approuver ce type d’opération macabre.

Dans le cas présent, il s’agit d’examiner les restes d’un certain Roger Shakenbakovitch, en ordre alphabétique: acteur; activiste notoire; beauté naturelle exceptionnelle; bourreau de travail; cinéaste; criminel; danseur; écrivain, essayiste; exhibitionniste; intelligent; plein d’humour; polémiste; politicien; réputé proxénète spécialisé dans la traite des petites jeunes, comme lui, blanches et slaves; revendeur de drogue; salaud de première et vif d’esprit, laissant dans le deuil, entre autres: une colonie de mâles et de femelles mal mariés, desquels aucun n’a daigné se présenter aux obsèques, par ailleurs fort courts; une panoplie d’intellectuels universitaires; une industrie de vidéos pornographiques et de journaux à potins juteux, et un soi-disant nombre indéfini d’illégitimes petits bâtards issus de grossesses toujours secrètes. En outre, disons aussi qu’il assumait sa sexualité pleinement, au dégoût largement exprimé des bigotes de ce début de siècle étonnamment puritain. Il est surprenant de voir combien il fut vite oublié après son décès, et, disons-le, même de son vivant...

Comme je le disais précédemment, il faut aujourd’hui identifier, hors de tout doute, le corps de Mister Shakenbakovitch, puisqu’un zigoto, à qui le mort devait justement une petite cagnotte, a réussi à convaincre un juge, sûrement dans un état avancé d’ébriété, que la personne inhumée il y a six mois était un autre, bref qu’il ne s’agissait pas de notre salaud notoire, mais d’un autre pauvre un hère, victime d’on ne sait quelle machination diabolique. En effet, le témoin fou affirme avoir aperçu Mister Shakenbakovitch bien vivant, plus beau et plus nu que jamais, sur les plages de l’île de Tao Somé, en Polynésie Gaspésienne, lors de vacances forcées, des suites d’un naufrage tumultueux. Seule l’empreinte dentaire peut trancher en faveur de l’identification du corps, aucune partie corporelle porteuse d’ADN connue n’ayant été conservée.

Le couvercle grinche drôlement quand j’aide le médecin à l’ouvrir. L’odeur est incroyable, à croire qu’on a échappé un flacon de Chanel No5 justement en prévision d’une réouverture du magasin. Le tout mêlé à l’absolue saveur de putréfaction, de produits balsamiques d’embaumeurs, de terre mouillée... C’est pour le moins poignant. Comme dans un film français trop souvent vu, bref, comme d’habitude, le jeune stagiaire me gerbe sur les pompes, je lui fous des baffes, il chiale en allant terminer de se vider ailleurs. Il reviendra. Pour l’instant, on est tranquille.

La vue ne perd rien pour attendre non plus. La moitié du corps semble grugée, l’autre momifiée. Contrairement à mon humble expertise personnelle, je vois peu d’asticots, grouillants de vie, pétant le feu, eux, seulement deux ou trois, mais je sais qu’ils sont là, légions à nous attendre au tournant du corps, voraces petites bêtes... C’est quand même dire que l’art de la thanatologie n’est plus ce qu’il était, car de nos jours, on fait dans le vermicide durable, faut croire. C’est surtout le visage qui attire l’attention, la peau collant maintenant aux parois du crane, tandis que les yeux brillent de leur absence, les dents saillantes dominant le spectacle. On dirait un grand bout de bois sculpté selon une forme presqu’humaine…

C’est le moment que j’adore, lorsqu’il faut transporter le corps sur la table de dissection. Ensuite, on doit le retourner délicatement, car sait-on jamais quand un pied ou un bras nous restera dans les mains. Ledit transport peut parfois prendre un temps fou. Une fois recouché, le corps devra être retourné, pour lui enlever les vêtements, lesquels ont été cousus sommairement, mais habilement, par derrière. Une fois dévêtu (c’est délirant tous les détails ou anecdotes dont je vous fais grâce. Vous m’en remercierez un jour), le corps lui-même sera aussi décousu, le long de la colonne vertébrale, suivant les coutures de l’embaumement.

Avant même de commencer à transporter le cadavre, ce qui nous écœure franchement, Justine, le médecin légiste, et moi échangeons un regard complice. Après tout, le zigoto témoin dont il a été question est un emmerdeur de première, et puis, on en a vraiment rien à foutre de toute cette histoire, c’est bien parce que le devoir nous y oblige qu’on contemple maintenant les restes de Roger Shakenbakovitch. J’appuie donc sur la touche pause du magnéto. Justine saisit sa massue d’usage. Mister Shakenbakovitch semble nous narguer ou nous sourire de son rictus post mortem. À croire qu’il nous ferait un clin d’œil, en eut-il eu un, œil. Mon délicat médecin préféré[e] prend donc et alors un superbe élan olympique et assène un grand coup de la mailloche sur la tête moqueuse du mort. Le coup eut été fatal, n’eut été du décès préalable de la victime. Il ne laisse qu’un tas de chair, de dents, d’os, de brin de scie remplaçant maintenant ce qui tenait lieu de tête à notre ami Shakenbakovitch.

Je laisse la bande magnétique rouler un peu tandis que le médecin fait des déclarations d’usage, décrivant brièvement le corps devant elle, l’état de la tête et surtout des dents éparses ou écrasées. Je regarde l’enveloppe de la radiographie des dents qui traîne sur le comptoir immaculé et blanc derrière moi. Justine appuie sur la touche stop du magnéto et me dit, se tournant vers moi :

- Dommage qu’il soit impossible d’identifier incontestablement ce corps, n’est-ce pas, ma grande?

- Eh oui, c’est fou ce que quelques jours dans une tombe peuvent faire à un corps, répliquai-je...

- Surtout quand ça nous laisse un après-midi de libre. Le printemps m’inspire… Une p’tite bière avec ça?, me demande-t-elle en ouvrant son mini-réfrigérateur.

- Oh oui, mais pas ici : c’est trop frais. Allez, on se trouve la terrasse de La Ferme du bonheur, rue Marie-Anne, et je t’offre la première tournée de sangria.

- O.k. J’accepte! Go!

Je replace ma jupe d’un coup de main sec, tandis que mon amie Justine referme le capot du tombeau d’un geste ferme et décisif. Après tout, on fait un job merveilleux. Le môme vomissant sera heureux de ne plus avoir affaire à la vue du cadavre et repartira reporter le corps sous terre, where it belongs, tandis que nous nous reposerons enfin, au soleil, au chaud, comme un Roger Shakenbakovitch nu sur sa plage, car qui pourrait vraiment maintenant soutenir avec sérieux qu’il vit toujours?
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2.5.05

LipogRammE EN a, i et L

Les chèvres du père Seguon. Hon! : un conte cochon!
(activité de stile niais et égrillard)

Même que ce jour fut étendu, c’est encore tôt : sept heures trente.
Pour Pépère Seguon, un homme peut en conséquence
répendre toutes ses sèves!
Scrute donc tes terres des yeux, obscène Seguon!
Découvre, ô bonheur!, tes nombreux chèvres ou chevrons!

Horreur! Ce corrompu berger trompe une chère bête
surtout d’humeur pour brouter.
Cette offense crève nos yeux! Que de déshonneur présentement :
Ce producteur fou pourfend une coquette chevrette!?
Hé ce pervers! Comme cette chèvre est complètement possédée!!!

De sœurs chèvres, encore écœurées, se concentrent toujours sur son œuvre.
Tempus sonne une trêve… Boquette, subséquemment pense sûrement :
« Ouf! De
douces morts s’exercent du séducteur! »
En même temps qu’en effet, pour notre énervé cochon, d
e ses bourses déserte son heur.

Et que notre bonhomme donne encore deux sous...
Vu que c’est dûment rémunérée que Boquette se consomme, tout de même!

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24.4.05

CaRNET dE douTE

Discours de la femme-objet, fruit de l’imagination collective publicitaire.
(Délire inspiré du réalisme philosophique).

(Extrait de Motte ‘n’ Jeff [acte 3, scène 2])

[…]
« Merci mon grand! répondit-elle au client. Puis-je repartir d’où je suis arrimée, vers mon néant natal, s’il te plaît, maintenant que concupiscence terminée et que c’est Pépère et Mémé, qui jousent à la télé...? Car, diantre, que savons-nous de nous-mêmes, je vous le demande? Que sommes-nous? Je croyais servir un récit, offrir mon corps en pâture, n’avoir droit à rien, même pas au plaisir, que mon monde ne serait que douleur, que honte, que je serais qu’un instant, un bref instant, puis vers rien, vers le néant, vers nulle part , je retournerais, une femme-objet, qu’on sort du placard, une revue de cul, une chose, une produit de consommation, l’anti-communisme incarné, une preuve du réalisme sartrien, l’idéalisme hegelien, la pensée de Kant faite femme, n’être femme que par la pensée des autres, d’un autre, naître rien qu’un trou, une queue ç’a pas d’yeux, ravaler ma pudeur, ravaler ma morale, ravaler mon néant, partir comme il est venu, en moi, par moi... Mais voilà que fuck de fuck! je suis. Une question de trop, une interpellation imprévue et bing! je dois lui répondre, lui dire quelque chose, fouiller en moi, comme le désir dans nos entrailles finit par nous déchirer, me voici donc à me questionner, à faire valoir mon non-être et pourtant me voilà. N’eût-il point été plus aisé de redisparaître, comme un Marshall McLuhan derrière un panneau publicitaire, ou une tarte à la crème, sortie de nulle part pour rien, par rien, s’éclipser tout simplement, mais non, on m’a retardée un peu, on m’a regardée, on m’a parlé, ce n’était pas dans le texte, et fuck de fuck! sortie de rien, sans parents, sans histoire, sans vécu, sans égo, sans moi et ça et tout ça, sans substance, comment puis-je vivre, comment puis-je être que le néant? Je n’existais pas avant toutàlleure et maintenant me voici condamnée, voilée et pourtant nue devant les yeux de mâles ne pensant qu’à travers leurs queues, je ne suis qu’à travers les pines des autres, je suis donc rien, mais me questionner me force à re-n’être plus que c’est permis. Je pense donc je suis, mais seulement à travers l’univers de ces imbéciles bandés, s’ils meurent, suis-je toujours? S’ils ne sont pas, comme moi, s’ils ne sont que d’autres riens, imagination fertile d’un quart fou qui rit dans sa barbe, si Idéalisme était vrai, alors, suis-je par eux, ou sont-ils par moi? Suis la salope passive pour ne point offusquer le texte et son auteur, ou suis actrice, acteur et actant, ces vits n’étant reliés à des hommes et à des corps et des culs que pour mon propre plaisir et délire. Et si c’était eux, nécessiteux, ou si c’étaient eux, je ne sais plus, eux qui étaient fruits de mon imaginaire, alors ah oui, ils en baveraient les salauds, leurs vulgaires sodomies seraient alors qu’une entrée, si je puis dire, oui, j’en suis certaine, il me suffit de ne plus les voir pour qu’ils disparaissent du néant au néant, d’où mon esprit trouble les a sortis, les cochons, les pervers, les osties, oui! OUI! je vais leur en faire voir, moi : ils n’existent pas, ils sont le fruit de moi-même, ils ne vivent que grâce à moi, je suis puissante, je suis Femme, je suis Infinie et Absolue, je suis Dieu, OUI!!!!!!!!!!!!!!!!! »

Et paf!
L’amie de disparaître dans un petit bouquet de fumée...
Partie comme elle était venue, pour ainsi dire...

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23.4.05

Il N’auRait pas dû.

[RE: Le texte DOIT se TERMINER avec Il n’aurait pas dû.]

À Martin Boucher

Ilnarine Boucher se mouchait souvent.
Lorsqu’elle se maria aux Indes,
elle s’appela Ilnarine Padu.

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17.4.05

ImParfaiT du subjoNcTif

De l’action de gerber sur des pompes pour défendre un pote : rixe bigarrée
Quasi alexandrin sans influence d’effluves

La soumission n’est pas une option
Pour ceux qui ont une moustache de champion.
(Simon Proulx, 2004)

Qui eût cru, hier soir, que ce bêta t’embêtât
Et que ce fils de pute, ce connard, te cognât?
Je t’aurais défendu, mais point eût-il fallu,
Parmi tout ce que je bus, que la bière en fût.

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8.4.05

TotEm mouvaNT

RésERvE iNdiENNE

Texte à double personnalité mit Daniel Rondeau, bitte!

Tna Vuom-Méthot n’avait presque jamais douté de ses origines vietnamiennes. Ses parents l’avaient adopté alors qu’il rampait à peine. Tna connaissait l’histoire par cœur.

Sa difficulté à s’intégrer aux autres membres du Club amical des Viets de l’Estrie avait semé le doute identitaire qui terrasse et marque, dans le fond de l’âme, le passage obligé de l’adolescence nord-américaine.

La confirmation vint lorsque, dans le miroir simili victorien de sa chambre, Tna lut in reverso, côté cœur, un collant apposé sur sa veste des suites d’un colloque insignifiant. Lequel collant arborait fièrement son nom.

Ainsi l’évidence lui était dévoilée dans toute sa véracité : il était amérindien d’origine.

* * *

Aujourd’hui, Totem Mouvant est devenu acteur et fait des annonces de produits naturels depuis son Dakota natal.

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Daniel Rondeau & Julius Rosenburger. Tekst alzo für coïtus impromptus


1.4.05

PoissoN d'avRil

Quasi alexandrins sans inspiration, ni espoir.

Comment si jolis poissons gentils et à piles,
Peuvent-ils plaisir ou poisse semer en cette April?
Myrtille admire ses vrilles et reste perplexe.
Quant à Jason, sa scie lui nuit et le complexe.

Car…
Or…

Si au printemps, fifille voit son poisson à vrilles,
Et espoire à vivre ses passions de fille en ville;
En mai, si son poisson à scie elle entrevit,
Avilie, elle sacrifie sa si vile envie.

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20.3.05

Déjà un tRou

ModERnité in REnaissancE (2)
Déjà un trou, pourtant il était neuf. Ils étaient neufs. Trop propres. Et le trou, et le chandail… Je ne pouvais détacher mon regard de ce singulier trou décorant le fabuleux pull de Peruggi. Quelque chose clochait…

Mais j’étais en retard sur les événements. La mort remontait à quelques heures. Luigi Don Rivello avait, lui, observé les derniers moments de Giovanni Perrugi. C’est lui qui avait composé le 9-1-1. C’est lui qui avait tenu son pote dans ses mains pendant sa lente agonie, qui avait tenu sa main par-dessus celles de son pote mourrant. C’est lui qui avait tenté de consoler le mourrant pendant que son dernier souffle expirait de sa poitrine, celui qui avait pleuré le mort en premier, celui qui avait fermé les paupières de son ami. Quelqu’un retrouvera sûrement à condamner sa façon de mettre des empreintes partout, de bousiller les indices en touchant au mort, en l’ayant aidé à se rasseoir, en l’ayant tripoté. Malgré cela, moi, je comprenais bien ce réflexe humain, cette compassion normale qu’on devrait tous avoir avec quelqu’un qu’on aime qui nous chie dans les pattes, pour ainsi dire.

Il va sans dire que c’était le suspect numéro un.

Selon Luigi Don Rivello, le décédé avait pu murmurer quelques vagues paroles sans beaucoup de sens : « Andante adagio allegro, Luigi, alla Santa Lucia, Luigi, andante adagio allegro, Luigi, d’accordo, Luigi, si? » Du délire, des trucs de musique, dirait-on… en italien et en bonus. Le gars meurt et il ne nomme pas son agresseur, il marmonne des indications musicales à son meilleur ami. Il ne dit pas « pourquoi m’as-tu fait ça, Luigi? » ou « c’est Marconni qui a fait le coup. » ou « je t’aime Luigi, mon beau… » Non, rien de tout ça. « Andante adagio allegro. » Vraiment, selon moi, s’il eut respiré plus encore, je crois que je lui eus conseillé de revoir ses priorités de vie. Il était mort comme il semblait avoir vécu, avec des trucs compliqués et inutiles dans ses préoccupations premières. De toute façon, j’en avais rien à foutre. Il était mort. Je devais théoriquement trouver le coupable. Le reste n’était que futilités et rhétorique.

Mais voilà, pour l’instant un seul indice véritable : les dernières paroles d’un homme.


Et son meilleur ami comme seul suspect.

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16.3.05

ModERnité in REnaissancE

Giovanni Peruggi était raide mort lorsque j’entrai observer son cadavre. Aucune trace d’effraction, il avait donc probablement laissé son agresseur, ou son agresseuse, entrer de plein gré. Dans ces cas-là, généralement, la victime connaît son visiteur, ce qui facilite drôlement la tâche des enquêteurs.

Le visage de Giovanni Peruggi exprimait une douleur sûrement physique, mêlé à un peu de surprise. Ses mains étaient crispées sur la grosse tâche marron qui inondait son luxueux pull. On pouvait présumer sans trop se tromper qu’un beau trou ornerait dorénavant ledit chandail de monsieur Peruggi, et les mites n’y seraient pour rien.

Son corps jurait un peu dans ce décor de rêve. Le Condo de Giovanni Peruggi respirait le luxe, presque la luxure. Au premier regard, tout semblait si « à la mode » italien, si pensé, si correct, si trop parfait. Et pourtant, une observation plus détaillée des lieux démontrait un côté un peu rococo, ou baroque, bref, un côté « bordel » étudié. Malgré tout, surtout malgré l’aspect généralement froid et laid du « design » italien, une chaleur inexplicable. Une re-sorte de renouvelle renaissance emplint de modernité… Était-ce les couleurs chaudes, ce rouge, ce jaune, ce beige; puis les flammes qu’on imaginait dans l’antre du foyer qui trônait au milieu du mur central. Ensuite, les toiles de peintres dont j’ignorais jusqu’à l’existence, d’inspiration très classique, peut-être de véritables copains des Maîtres.

Un corps froid, un style froid, un esprit froid, entourés d’une atmosphère sensuelle.

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