22.8.05

MadElEinE

Mado ayant manqué le temps des cultivateurs de bleuets de Saint-Thomas-de-Caxton, revêtit sa grande robe blanche et partit dans les champs, son petit panier sous son bras. En une heure, elle ramassa doucement de quoi remplir six (6) tasses de ces savoureux bleuets sauvages. Heureuse, elle revint à la maison gaiement, où elle nettoya hardiment son butin.

Une fois cette corvée achevée, dans une marmite démesurée remplie d’eau, elle fit bouillir ses trois (3) pots Mason de deux cent cinquante (250) millilitres pendant dix (10) bonnes minutes, afin de bien les stériliser. Puis elle remisa ces pots dans le four préchauffé à cent cinquante (150) degrés Fahrenheit. Dans un chaudron, elle fit bouillir ses minuscules fruits, mélangés à une demie (½) tasse d’eau et trois (3) cuillérées à table de jus de citron, tout en brassant constamment avec agilité, pendant dix (10) bonnes minutes. Elle ajouta deux (2) tasses de sucre qu’elle incorpora au mélange. Elle remua toujours sa savoureuse mixture, portée à ébullition, pendant au moins cinq (5) minutes; en fait, jusqu’à ce qu’elle commence à épaissir [la mixtion, pas Mado]. Simultanément, dans un autre poêlon, elle fit bouillir de l’eau, dans laquelle elle jeta les couvercles des ses pots de confiture, pour bien les stériliser à leur tour, mais pas trop longtemps, cinq (5) minutes au maximum.

Elle sortit les pots du four, les remplit de confiture aux bleuets sauvages, mais pas trop, laissant environ un quart (¼) de pouce d’espace avant le rebord du bocal. Avec une petite spatule de bois, elle fit le tour des pots afin de retirer les bulles d’air qui s’y logeaient possiblement. Mado, excitée de tout son ouvrage, avait chaud, terriblement chaud. Sa robe élégamment tachée ne lui était d’aucun secours : elle transpirait à grandes gouttes, tandis que sa langue goûtait la sueur salée qui perlait au-dessus de sa lèvre supérieure. Mado, tremblant délicatement, nettoya le bord de ses bocaux, puis, prestement, elle mit les rondelles SNAP sur lesdits pots, puis les bagues, en veillant à ne pas trop les serrer, tournant jusqu’à ce qu’il y ait un peu de résistance. Avec un amour maternel, elle replongea ses pots ainsi couverclés dans la gigantesque marmite d’eau bouillante, les laissant à leur sort dix (10) minutes durant. La vapeur et la chaleur envahissaient la cuisine devenue sauna. Toujours avec autant de finesse, elle les sortit de leur eau, et les déposa. En quelques instant, grâce à l’habile adresse de Mado, chacun des pots fit retentir son pop! caractéristique, scellant leur destinée à celle de leur amie pour l’automne et l’hiver, à tout le moins…

Exténuée, comblée, Mado se laissa choir dans un fauteuil, une jambe par-dessus le bras dudit fauteuil, la tête repoussée, les cheveux en broussaille, la robe frippée, maculée de bleuets et de sueur, essoufflée. Elle trouva quelques traces de son entreprise, qu’elle essuya du bout des doigts et qu’elle préluda de sucer délicatement, laissant sa langue caresser chaque saveur.

Dieu qu’il était bon d’enfin goûter de cette confiture-là!

____________________________________
Tekst alzo für coïtus impromptus

2 Comments:

Blogger Madeleine said...

Mais quel suprême délice que l'attente pour cette Mado!!!!

24/8/05 12:37  
Blogger Chantal said...

Le rituel de la confiture est bien décrit, mais Dieu que ça m'ennuie. Je préfère les acheter toutes faites, les maudites confitures. Même ma mère ne ressemble en rien à Mado, même ma grand-mère avait horreur de ça, et profitait bien cependant de goûter les confitures des autres. Depuis trois générations, nous préférons la farniente ou le rêve qu'il nous arrive autre chose que de sentir cette maudite confiture qui fera le régal des autres, des autres, des autres.

Toujours dit que je n'étais pas une "vraie" femme. Ton texte est très bien écrit, car il me rappelle ces moments de mon enfance quand je voyais les femmes jouir de leurs confitures et autres maudits ketchups aux fèves et aux tomates qui étaient la gloire de leur repas de Noël. Pfff ! Vive les sandwiches aux oeufs à Nouel, ou mieux : le traiteur. Haha, tu m'auras fait bien jaser cette fois, Jus-Jus.

27/8/05 13:01  

Publier un commentaire

<< Home