24.4.05

CaRNET dE douTE

Discours de la femme-objet, fruit de l’imagination collective publicitaire.
(Délire inspiré du réalisme philosophique).

(Extrait de Motte ‘n’ Jeff [acte 3, scène 2])

[…]
« Merci mon grand! répondit-elle au client. Puis-je repartir d’où je suis arrimée, vers mon néant natal, s’il te plaît, maintenant que concupiscence terminée et que c’est Pépère et Mémé, qui jousent à la télé...? Car, diantre, que savons-nous de nous-mêmes, je vous le demande? Que sommes-nous? Je croyais servir un récit, offrir mon corps en pâture, n’avoir droit à rien, même pas au plaisir, que mon monde ne serait que douleur, que honte, que je serais qu’un instant, un bref instant, puis vers rien, vers le néant, vers nulle part , je retournerais, une femme-objet, qu’on sort du placard, une revue de cul, une chose, une produit de consommation, l’anti-communisme incarné, une preuve du réalisme sartrien, l’idéalisme hegelien, la pensée de Kant faite femme, n’être femme que par la pensée des autres, d’un autre, naître rien qu’un trou, une queue ç’a pas d’yeux, ravaler ma pudeur, ravaler ma morale, ravaler mon néant, partir comme il est venu, en moi, par moi... Mais voilà que fuck de fuck! je suis. Une question de trop, une interpellation imprévue et bing! je dois lui répondre, lui dire quelque chose, fouiller en moi, comme le désir dans nos entrailles finit par nous déchirer, me voici donc à me questionner, à faire valoir mon non-être et pourtant me voilà. N’eût-il point été plus aisé de redisparaître, comme un Marshall McLuhan derrière un panneau publicitaire, ou une tarte à la crème, sortie de nulle part pour rien, par rien, s’éclipser tout simplement, mais non, on m’a retardée un peu, on m’a regardée, on m’a parlé, ce n’était pas dans le texte, et fuck de fuck! sortie de rien, sans parents, sans histoire, sans vécu, sans égo, sans moi et ça et tout ça, sans substance, comment puis-je vivre, comment puis-je être que le néant? Je n’existais pas avant toutàlleure et maintenant me voici condamnée, voilée et pourtant nue devant les yeux de mâles ne pensant qu’à travers leurs queues, je ne suis qu’à travers les pines des autres, je suis donc rien, mais me questionner me force à re-n’être plus que c’est permis. Je pense donc je suis, mais seulement à travers l’univers de ces imbéciles bandés, s’ils meurent, suis-je toujours? S’ils ne sont pas, comme moi, s’ils ne sont que d’autres riens, imagination fertile d’un quart fou qui rit dans sa barbe, si Idéalisme était vrai, alors, suis-je par eux, ou sont-ils par moi? Suis la salope passive pour ne point offusquer le texte et son auteur, ou suis actrice, acteur et actant, ces vits n’étant reliés à des hommes et à des corps et des culs que pour mon propre plaisir et délire. Et si c’était eux, nécessiteux, ou si c’étaient eux, je ne sais plus, eux qui étaient fruits de mon imaginaire, alors ah oui, ils en baveraient les salauds, leurs vulgaires sodomies seraient alors qu’une entrée, si je puis dire, oui, j’en suis certaine, il me suffit de ne plus les voir pour qu’ils disparaissent du néant au néant, d’où mon esprit trouble les a sortis, les cochons, les pervers, les osties, oui! OUI! je vais leur en faire voir, moi : ils n’existent pas, ils sont le fruit de moi-même, ils ne vivent que grâce à moi, je suis puissante, je suis Femme, je suis Infinie et Absolue, je suis Dieu, OUI!!!!!!!!!!!!!!!!! »

Et paf!
L’amie de disparaître dans un petit bouquet de fumée...
Partie comme elle était venue, pour ainsi dire...

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coïtus impromptus

3 Comments:

Blogger Daniel Rondeau said...

Nelly Arcan, sors de ce corps!
Quelle jouissive logorrhée!

25/4/05 07:55  
Blogger Swérées d'horreux said...

T'es don ben fin!
C'est un bout de Motte 'n' Jeff (deuxième acte) que personne n'aimait (à mon grand dam!)
:O)

25/4/05 14:12  
Blogger Chantal said...

Ouais, pas mal réaliste à mon avis. Il faut bien de l'empathie pour écrire ainsi.

25/4/05 18:22  

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